En inde, la recherche avance sur les problèmes respiratoires liés à certaines ataxies !

Une étude se met en place sur la base d’une hypothèse de travail. Sont alors mis en œuvre les moyens afin de  vérifier cette hypothèse. C’est ce qu’a fait une équipe de chercheurs indiens. Cette étude prospective a été réalisée dans les services de Neurologie et Neurophysiologie, à l’Institut National pour la Santé Publique et les Neurosciences (NIMHANS) de Bangalore (Inde). Cet institut est un centre hospitalo-universitaire et un centre de référence important en Inde du sud.

L’hypothèse

« A notre connaissance, il n’existe pas d’études portant sur SCA et troubles pulmonaires. L’objectif de notre étude a donc été de rechercher l’existence de troubles pulmonaires chez ces patients atteints de SCA et s’ils étaient présents, de déterminer leur nature, leur extension et d’établir une corrélation sur le plan clinique avec une invalidité fonctionnelle, la durée de la maladie et le type génétique. »

Le protocole

Pour cette étude, une cohorte de patients de 30 personnes atteintes de SCA 1, 2 ou 3 (23 hommes et 7 femmes), d’âge moyen de 35 ans a été constituée, doublée d’un groupe « témoin » de 30 personnes appariées en âge et en genre.

Parmi cette cohorte « patients », 23 avaient une histoire familiale avec cette maladie et 7 étaient des cas isolés. A noter que 3 étaient d’anciens fumeurs abstinents depuis plus de cinq ans.
Tous se plaignaient surtout de troubles de la marche. Aucun ne présentait de symptôme cardio-vasculaire ou pulmonaire, l’examen clinique n’a montré aucune anomalie de ce coté.
Tous ont été soumis à plusieurs tests visant à explorer leur capacité pulmonaire, et voici ce qu’il en ressort :

Extrait de cette étude

Cette étude a montré une diminution très significative de plusieurs paramètres de mesure de la fonction respiratoire chez des patients atteints de SCA. Ces résultats suggèrent des troubles fonctionnels au niveau des poumons chez ces patients atteints de SCA.
Les paramètres qui mesurent le volume du poumon et la force du muscle respiratoire sont significativement réduits chez les patients par rapport aux témoins. Cependant les troubles respiratoires sont infracliniques (*) chez tous les patients SCA.

Les données soulignent la nécessité d’évaluer les troubles infracliniques touchant la respiration et d’entreprendre une prise en charge adéquate des patients atteints de SCA.
Puisque la majorité des patients SCA adopte un mode de vie moins stressant dû à leur mobilité réduite, leur besoin de ventilation est probablement moindre. Par ailleurs, il est possible que ce mode de vie conduise à une forme de dormance respiratoire elle-même contribuant à une déficience de la fonction pulmonaire. C’est pour l’ensemble de ces raisons qu’il n’est pas surprenant qu’il n’y ait pas de plaintes concernant une respiration courte alors que les tests de respiration forcée et les mesures de la force musculaire des muscles pulmonaires montrent des anomalies.
La réduction de ces paramètres chez tous les patients SCA est révélatrice de l’incapacité de maintenir un effort respiratoire à long terme possiblement dû à un manque de coordination des muscles respiratoires. Une mauvaise coordination motrice des muscles inspiratoire et expiratoire peut conduire à un travail accru pour respirer et à une éventuelle fatigabilité.

Cette étude menée dans les ataxies spinocérébelleuses montre l'existence de signes infra-cliniques de troubles pulmonaires de type limitant et la présence possible d'une obstruction des voies hautes. Une kinésithérapie respiratoire et des exercices de respiration devraient être entrepris très tôt dans la prise en charge des ataxies spinocérébelleuses.